Fête des fruitiers aux Pépinières Châtelain : un atelier pour bien tailler...

Pour la deuxième année consécutive, je m'étais inscrite à l'atelier de formation sur la taille des arbres fruitiers proposé par les Pépinières Châtelain.

Est il vraiment utile que je vous présente une nouvelle fois cette pépinière , "the big" spécialiste des arbres formés, qui présente toujours de forts belles choses sur les fêtes des plantes. Le ruban d'or de Chantilly ne leur a pas été décerné par hasard...

L'an passé, j'avais écouté Denis Retournard, responsable de la collection fruitière des jardins du Luxembourg, expliquer, de manière très académique, et théorèmes à l'appui, le bon usage du sécateur pour obtenir la fructification optimale d'un arbre

Le fameux: "pour protéger un œil et le laisser évoluer vers la fleur, il faut laisser au dessus de lui autant de portes de sortie (bourgeon) que d'élément poussant sur la coursonne", c'était lui.

Je m'attendais à le retrouver une nouvelle fois mais, surprise, c'est François Moulin, ancien responsable des cultures fruitières au Potager du Roi de Versailles (excusez du peu), qui fût notre maitre de stage...

 Il nous a d'abord rappelé l'importance d'avoir à sa disposition le bon matériel : un sécateur à lames croissantes, une scie pliante, un sécateur de force, le tout, propre, bien affuté, huilé et désinfecté à l'alcool à 90°, ainsi qu'un tube de mastic synthétique* pour la protection des plaies de taille de plus de 20mm...

Petit rappel pour le bon usage du sécateur : la coupe se fait au ras du bourgeon, la lame du côté de l'arbre, la contrelame du côté de ce qui tombe

Une serpette pour enlever les traits de scies autour d'une coupe avant d'appliquer le mastic peut également s'avérer très utile...

Tout comme ce grattoir rond, un petit outil bien tranchant que je vais tâcher de me procurer, pour nettoyer et curer les plaies de l'écorce...

Avant de s'attaquer à la remise en forme des sujets "cobayes" mis à disposition par Laurent Châtelain, François Moulin nous a rappelé les grands principes de la taille :

Tailler un arbre fruitier permet de le canaliser pour obtenir une bonne fructification. Plus un rameau est vigoureux et moins il portera de fleurs et donc de fruits. Il faut donc freiner l'activité de la sève en travaillant les branches soit à l'oblique, soit à l'horizontal soit en passant par l'arcure.

Et surtout en respectant deux diktats : air et lumière

Sur un arbre de plein vent (c'est à dire non palissé, sur tige), la taille se fait en gobelet en laissant du vide au centre de la ramure.

Sur les fruitiers palissés, la taille se doit d'être plus rigoureuse afin de conserver l'architecture du sujet.

 Nous avons commencé par les cordons :

Un cordon est une branche horizontale dont les coursonnes doivent être conduites en arêtes de poissons. Le joli bébé hirsute qui devait dormir au fin fond de la pépinière, et que Laurent Châtelain avait amené pour l'occasion, était bien loin d'avoir cette silhouette

 Pas de quoi déstabiliser notre formateur qui a commencé par supprimer tout ce qui était mal orienté (vers le haut, vers le bas), ou emmêlé, en ne conservant que l'oblique puis en raccourcissant chaque coursonne conservée...

Il a également insisté sur un point : il faut absolument retailler à une vingtaine de centimètre la pousse latérale de l'année en choisissant un œil au dessous ou sur le côté afin d'induire la sortie de pousse latérales qui feront de nouvelles coursonnes...

Devant la vigueur et la forme du cordon qu'il avait à tailler, François Moulin a décidé de commencer à former un second étage en conservant une branche verticale proche du tronc, et, en son sommet, deux rameaux latéraux qui seront guidés à l'horizontal...

Pour les palmettes (en U, U double ou Verrier), il faut, selon lui, garder des coursonnes le plus simple possible, le principal étant de respecter la forme et de ne pas conserver de rameaux verticaux tout en préservant, bien sûr, les bourgeons à fruits.

Tout ça, j'aurais bien voulu vous le montrer en images...

Mais la classe bien sage a soudain eu la bougeotte...

 Et puis, pour nous il était temps de prendre la poudre d'escampette.

J'ai récupéré deux des trois pommiers cordons que j'avais commandés (et oui, deux...une erreur, un bug, confusion sur la hauteur...le troisième me sera livré cette semaine...et j'espère avant le gel et la neige annoncés ! C'est frustrant mais c'est comme ça)

Et, hop, Chat Vert retour maison

*mastic synthétique ou cire d'abeille ou tout simple de la feuille de consoude à frotter sur la plaie de taille