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Souvenirs de vacances : En Puisaye sur les pas de Colette...
Ainsi donc j'ai fait des escapades.
L'une d'elle m'a conduite dans la verte Puisaye.
Les vallons, les bocages et les bois ; Les ruelles de villages où l'eau murmure ; Les châteaux...Guedelon, Ratilly, Saint Fargeau ; Le ciel bleu strié d'hirondelles.
Et puis Saint Sauveur sur les pas de Colette.
C'est là qu'elle a grandi.
C'est là qu'est née sa plume.
Dans cette grande maison qui "ne souriait qu'à ses jardins"...
Le jardin d’en face, acheté par le capitaine Colette pour les protéger de tout risque de vis-à-vis, abrite un verger planté de généreux pommiers...
L'intérieur de la maison, pour en parler brièvement, se découvre en tout petit comité, sans muséographie, sous la conduite d'un guide, une guide adorable en l'occurrence, et nous donne l'impression d'être reçus chez des amis. Vraiment.
Tout a été rénové de manière remarquable, du mobilier au moindre objet de décoration jusque dans les papiers peints recréés à l'identique selon les techniques au tampon de l'époque...
J'en publierai quelques photos sur Instagram. Ici c'est hors sujet.
Dans cette demeure, l'âme de la maitresse de maison, Sido, est bel et bien là. Son chapeau jeté négligemment sur la table en est la preuve...et tout appelle le jardin...
Car Sido jardine.
Et on se surprend à sourire en reconnaissant ses propres travers jardinesques dans les anecdotes évoquées lors de la visite.
Derrière les fenêtres, écrasé par le soleil d'aout, le jardin d'en haut apparait tout en rondeurs. Des allées courbes, des parterres bombés, Sido applique les conseils que Cora Millet-Robinet prodigue dans La Maison rustique des dames, le Rustica ou Amis des jardins de l'époque...
Dehors, les vrilles d'une vigne enserrent l'avancée faite par la cuisine et un parterre flamboyant s'étale au pied d'une fenêtre.
Car "Sido aimait au jardin le rouge, le rose, les sanguines filles du rosier, de la croix de Malte, des hortensias, et des bâtons-de-Saint-Jacques, et même le coqueret alkékenge, encore qu’elle accusât sa fleur, veinée de rouge sur pulpe rose, de lui rappeler un mou de veau frais..." (1)
Dans ce jardin du haut, pour remplacer l'arbre dans lequel les enfants allaient se cacher, un "noyer dont l'ombre intolérante tuait les fleurs" (2) a été replanté, tout comme le ginkgo dont Gabrielle échangeait, à l'école, les feuilles dorées contre des billes...
Et puis, derrière le catalpa, il y a cet araucaria, autre rareté de l'époque, tant désiré et payé fort cher par Sido.
Que le jardinier qui n'a jamais craqué ainsi lui jette la première poignée de terreau.
Je ne suis pas une grande fan des araucarias. Je ne les trouve beaux que dans leur milieu naturel. Mais, adouci par cette guirlande de une vigne vierge, il aurait presque du charme...
Vous l'aurez compris, les jardins font eux aussi l'objet d'une reconstitution fidèle. Les nombreux écrits de Colette sont pour cela un véritable trésor.
Entre le jardin du haut et le jardin du bas, un passage touffu en sous bois
Des méandres où se perdre...
"Le jardin du haut commandait un jardin du bas, potager resserré et chaud, consacré à l’aubergine et au piment, où l’odeur du feuillage de la tomate se mêlait, en juillet, au parfum de l'abricot mûri sur espaliers…" (2)
Parce que voilà, c'est ça : le jardin du bas est un potager. Inutile de vous préciser à quel point il faisait chaud ce jour là, il n'y a qu'à regarder le feuillage des pauvres courges...
Il faisait si chaud que nous ne sommes pas aventurés plus loin préférant rester en surplomb, à l'ombre des arbres. C'est là qu'une "forte grille de clôture, au fond, en bordure de la rue des Vignes, eût dû défendre les deux jardins ; mais je n’ai jamais connu cette grille que tordue, arrachée au ciment de son mur, emportée et brandie en l’air par les bras invincibles d’une glycine centenaire" (2)
Et cette glycine, mon dieu, quel monument !
Elle atteint désormais le faîte des deux ifs gigantesques qui dominent la ruelle en contrebas...
"Et si tu arrivais, un jour d'été, dans mon pays, au fond d'un jardin que je connais, un jardin noir de verdure et sans fleur, si tu regardais bleuir, au lointain, une montagne ronde où les cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu m'oublierais et tu t'assoirais là, pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie" (3)...
C'est vrai, j'en ai eu envie, m'assoir là, ne plus bouger jusqu'au terme de ma vie, parce que Saint Sauveur et la Puisaye ont vraiment beaucoup de charme.
Je me suis promis d'y revenir, ne serait ce que pour admirer la floraison de la vénérable glycine du jardin de Sido.
En attendant ce moment, je relis l’œuvre de sa fille,
Elle est immense.
1 - Sido
2 - La maison de Claudine
3 - Les vrilles de la vigne
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